Certains termes comme, « multiculturalisme », « inter-culturalisme », « relativisme culturel » et « universalisme » sont utilisés d’une façon expéditive menant des fois à des contre-sens qui dévoient ces concepts à des fins idéologiques
- Le multiculturalisme
Selon le dictionnaire le multiculturalisme serait l’existence de différentes cultures dans une même société. Dans certains pays multiculturalistes, ces différences génèrent des droits différents allant jusqu’à l’existence de tribunaux spécifiques. (Ex. l’Égypte, le Liban… ou encore l’Angleterre)
Face aux différentes vagues d’immigration de l’après-guerre certains responsables politiques en Occident ont voulu contenir la diversité culturelle. Ils ont alors organisé les communautés, ils croyaient en la nécessité des responsables communautaires hissés au rang d’interlocuteurs des pouvoirs publics. Ils parleraient au nom de leur communauté.
Cette politique multiculturaliste semble oublier que les communautés elles-mêmes sont hétérogènes.
Si nous considérons le traitement réservé aux citoyens présupposés arabes, en Occident, on a cru que les citoyens issus du Machrek ou du Maghreb, formaient une communauté (oumma) unique. Les responsables politiques communautaristes ont adopté à leur insu le slogan des nationalistes arabes « même langue, même religion, même histoire ». Cette supercherie a été majoritairement admise dissimulant ainsi les spécificités de chaque communauté, d’ailleurs, on parle du « Monde arabe ».
Dans les pays d’origine, beaucoup de lois sont basées sur cette présupposée unité arabe. L’existence des différences est refusée, il n’y aurait que des musulmans, les autres chrétiens, bahaïs, juifs subissent des discriminations…, mais le nationalisme arabe a aussi fait fi de la pluralité de l’islam lui-même. Or il existe des différences entre l’islam chiite et sunnite, chacun se diversifiant en plusieurs écoles, voies et sectes.
La plupart des citoyens musulmans qui se définissent comme croyants n’ont pas vu eux-mêmes que l’islam sunnite a connu une transformation interne. Le nationalisme arabe avait donné l’illusion que le culte était unique, on l’a cru uniforme. Par cette supercherie, lorsque le fondamentalisme wahhabite a opéré sa propagation, personne n’a vu le danger de cette transformation de la pratique de l’islam.
Dans certains cas extrêmes en Occident, la politique multiculturaliste présuppose que tout citoyen ayant des origines du « Maghreb ou du Machrek » serait forcément musulman par essence. Une assignation à une identité fantasmée, voire, à une injonction de croire.
La politique multiculturaliste, crée les divisions. À chaque communauté ses règles de vie, des quartiers … qui lui sont assignés. L’autre problème c’est que cette politique en définissant un groupe de citoyens par rapport uniquement à un culte ou une pratique traditionnelle, réduit l’identité. La multiculturalité transforme les liens en juxtaposition qui garantie l’intégrité des différences mais semble exclure l’idée d’échanges.
- Le modèle canadien
Le multiculturalisme est né au Canada, en réponse à la revendication identitaire des francophones. Le multiculturalisme était une réponse apportée par Ottawa à la « Révolution tranquille » québécoise, qui commençait à menacer l’unité du pays. mais aussi par les revendications de ceux qui, issus de l’immigration, se sentaient exclus par la réponse apportée par Ottawa. En 1971 le multiculturalisme a été proclamé officiellement dans le pays et en 1988, a reçu un cadre législatif a vu le jour avec la Loi sur le multiculturalisme canadien, ayant pour objectif de « refléter la réalité changeante de la diversité raciale et ethnique du Canada ».
Le Canada est structuré socialement par la coexistence d’habitants issus de la double colonisation française et anglaise, les amérindiens originaires du pays puis des flux migratoires. R. A. Shemerhorn (1970) et D. Juteau (1999) parlent à ce propos d’un pluralisme structurel.
Les gouvernements successifs ont affirmé leur reconnaissance des « spécificités » culturelles des groupes minoritaires.
Un grand nombre de théoriciens du multiculturalisme sont canadiens, comme Charles Taylor, responsable des fameux « accommodements raisonnables », il est Québécois anglophone, Will Kymlicka ou encore James Tully qui a terminé sa carrière d’enseignant à l’Université de Victoria, en Colombie britannique. Tully, est le plus radical. Pour lui, les notions de politique occidentale, telle que la nation, la souveraineté, le peuple, le parti politique ou la propriété sont contaminées par leurs origines occidentales et n’existent pas dans les communautés indigènes. Les utiliser dans les négociations avec les indigènes serait une manière d’imposer des concepts qui ne sont pas les leurs. Tully a été jusqu’à reconnaître le droit d’une tribu indienne à kidnapper l’un de ses membres, afin de l’obliger à participer à un rituel.
L’État québécois a été assez critique, pour lui cette position renvoyait les canadien-français au rang de simple minorité ethnique parmi d’autres. Il signe divers accords avec les instances fédérales dans les années années 1970 et 1980, et obtient le pouvoir de sélectionner et d’accueillir les immigrants qui entrent dans son territoire. Son nouveau Ministère des Communautés Culturelles et de l’Immigration (MCCIQ) est créé en 1981, le Québec développe une politique dite de « convergence culturelle » (Gagnon, 1988) pour une progressive intégration culturelle des immigrants à la culture québécoise.
On a reproché au multiculturalisme canadien d’être « culturaliste » dans la mesure où le discours gouvernemental était essentiellement tourné vers la reconnaissance publique de la diversité culturelle. Le discours du Premier ministre Trudeau en 1971 visait à encourager le maintien des cultures et des langues.
Dès le début, la politique multiculturaliste du Canada a subi des critiques sévères. Ces critiques ont été d’abord émises par les conservateurs et les Québécois ensuite les critiques vinrent finalement de toutes parts, y compris d’universitaires et de membres de groupes minoritaires.
On lui a surtout reproché de promouvoir des cultures figées, d’être passéiste en encourageant les groupes minoritaires ethniques à rester enfermés dans un univers culturel clos. Pire, le multiculturalisme aurait pour effet de marginaliser les immigrés en les renvoyant sans cesse à leur culture d’« origine ».
L’écrivain Neil Bissoondath (1995), ancien immigrant, dénonce une politique qui, dit-il, s’immisce dans la vie privée et utilise des fonds publics pour préserver des usages qu’il juge « privés ». Le ministère n’a pas à intervenir de cette manière, dit-il, les gens doivent être libres de maintenir ou non ces usages, sans aide ou incitation extérieure.
En effet, les collectivités ethniques sont profondément structurées par des mesures publiques de soutien et de subventions.
D’autres, y voient une politique démagogique électoraliste, une forme de clientélisme pour s’assurer les suffrages des nouveaux citoyens (Breton, 1991)
Pour John Porter qui, dans les années 1960, évoque une politique qui vise à masquer la « mosaïque verticale » …, la hiérarchisation ethnique de fait de la société canadienne (Moodley, 1983). Le discours de reconnaissance culturelle évoque la dimension culturelle des populations issues de l’immigration, sans mentionner les conditions matérielles pour l’intégration socio-économique,
Le système des subventions aux associations ethniques, les « accommodements raisonnables » inscrits dans la loi, ont permis l’émergence de groupes de pouvoir et d’influence au sein des communautés. Les organisations et idéologies politico-religieuses salafistes ou wahhabites ont largement profité du multiculturalisme et ont eu un grand essor au détriment du principe d’égalité entre les hommes et les femmes.
. Les revendications des femmes appartenant à ces communautés risquent de ne pas être portées par les représentants communautaires.
Plusieurs exemples d’incidents ont été relatés dans la presse :
Un centre de gym du YMCA de Montréal a givré ses fenêtres donnant sur une école fréquentée par des Juifs hassidiques afin que les écoliers ne voient pas les femmes et les hommes en sueur s’entraînant en shorts ;
La cour suprême du Canada a ordonné́ à une commission scolaire québécoise d’autoriser le port du kirpan aux écoliers sikhs, à condition que le poignard traditionnel soit cousu dans un fourreau et caché sous les vêtements ;
Les politiciens québécois et canadiens évitent maintenant de souhaiter le traditionnel « Joyeux Noël » à la fin des travaux parlementaires en décembre par « respect » pour les non-chrétiens.
Les policières de Montréal ont reçu la directive de faire appel à un collègue de sexe masculin lorsqu’elles doivent interagir avec un homme juif hassidim ou musulman.
Le conseil municipal d’un village rural Hérouxville avait adopté un « code de vie » à l’intention des immigrants prohibant la lapidation et l’excision, le port du voile … La décision de ce conseil municipal a été relayée par les télévisions du monde entier ce qui a permis d’amender ce document. Cette médiatisation a amené le gouvernement québécois à créer une Commission d’étude chargée d’analyser la question des « accommodements raisonnables ».
Depuis dix ans, on observe une augmentation des demandes d’accommodement (Mc Andrew, Ciceri et Jacquet, 1997) à l’école qui souvent répond favorablement.
En primaire, les demandes explicites des parents concernent le port du pantalon de sport (plutôt que le short) lors des activités sportives et celui du « voile » ou hidjab au sein de l’école. Mais les demandes sont le plus souvent indirectes et se manifestent davantage dans la résistance silencieuse que dans la requête explicite : l’enfant par exemple ne participera pas à la classe de neige, sera absent le jour de piscine ou, plus âgé(e), pour le cours d’éducation sexuelle.
Les enseignants se disent en inquiets des dérapages et des effets pervers de ces accommodements et résistances
- Le relativisme culturel
Qu’est-ce que le relativisme ?
Le concept de relativisme est fort ancien, il remonte aux sophistes grecs et consiste à dire que les réalités objectives n’existent pas. Le relativisme s’oppose à la hiérarchisation des opinions. Toutes les opinions auraient la même valeur. La vérité serait un concept fallacieux dans tous les domaines. On pourrait dire que le relativisme est un scepticisme poussé à l’extrême. C’est ce que dénonce Alan Sokan qui considère que le relativisme est dangereux pour la pensée.
Dans le domaine de l’épistémologie, il consiste à prétendre que la réalité objective n’existe pas, qu’il n’y a que des théories subjectives, dépendantes des circonstances historiques et culturelles etc
L’Occident colonial était convaincu de la supériorité de sa culture, sa religion et sa morale. Les études anthropologiques ont contribué progressivement à réduire cette prétention. Il a fallu de nombreuses études de terrain et immersions au sein d’autres sociétés pour que l’Occident observe un autre regard sur lui-même et sur les autres sociétés proches ou lointaines.
Levi-Strauss quant à lui, oppose l’ethnocentrisme au relativisme culturel . Au chapitre 3 de Race et histoire il écrit : « En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus ‘‘sauvages’’ ou ‘’barbares’’ de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. » Pour certaines personnes, l’étranger ne fait pas partie de l’humanité, de sorte que le déni d’humanité́ serait la chose la mieux partagée parmi l’humanité. C’est ce que Lévi-Strauss désigne comme le paradoxe du relativisme culturel : « c’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier. »
Plus on tente de la nier, plus on prouve la diversité des cultures. Le relativisme vise à empêcher la reconnaissance d’une culture particulière, notamment la culture occidentale comme incarnation de la culture universelle. Mais ce faisant, initialement, il aurait pu permettre de dégager un universel, si certaines idéologies ne l’avaient dévoyé.
Il est important de s’interroger sur la pertinence du terme culture. Est ce qu’on entend par «culture » les éléments constitutifs des normes sociales locales ? Est-ce une vision d’une société close et uniforme hors tout contexte d’interaction entre une société donnée et le reste du monde ? Est-ce pour désigner un monde « exotique » qui serait étranger à nous afin de justifier toutes les pratiques coutumières, politiques ou sociales ? …
Selon Wikipédia, « En langue française, le mot « culture » désigne tout d’abord l’ensemble des connaissances générales d’un individu. C’est la seule définition qu’en donne en 1862 le Dictionnaire national de Bescherelle. Les connaissances scientifiques y sont présentées comme élément de premier plan. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la « culture générale».
Après le milieu du xxe siècle, le terme prend une seconde signification. Par exemple, le Petit Larousse de 1980 donne, en plus de la conception individuelle, une conception collective : « ensemble des structures sociales, religieuses, etc., des manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent une société. Le terme peut alors revêtir l’un ou l’autre sens, mais la proximité des domaines d’utilisation de chacun en fait une source d’ambiguïté ».
Selon l’UNESCO, la culture est définie comme ce qui est commun à un groupe d’individus et qui fait sa cohésion, son mode de vie, ses lois, son système de valeurs, ses traditions, ses croyances, sa pensée et ses créations dans le domaine des arts et lettres
Dès 1952, Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn recensaient pas moins de cent soixante-trois définitions différentes de la culture; Pour sa par Jean-Claude Passeron considère que la culture est le « plus protéiforme des concepts sociologiques »
Pour certains chercheurs anthropologues non francophones comme Ingrid Piller, Joanna Breidenbach, Unni Wikan ou Adam le terme « culture » aurait permis de remplacer le concept « race » en produisant des stéréotypes essentialistes. Chez les francophones, Albin Wagener en 2015 écrit un ouvrage intitulé L’échec culturel dans lequel il critique de manière pluridisciplinaire le concept de « culture », il propose l’abandon du concept pour le remplacer par des notions moins vagues.
- Le relativisme culturel et sa dérive politique
Nombre de gouvernements se sont saisis de l’imprécision du terme « culture » pour se positionner en tant que garants de la « culture nationale », ils en ont usé et abusé pour légitimer la répression des opposants et révoltes internes justifiant ainsi les violations des droits fondamentaux.
Aujourd’hui le discours relativiste sur la culture instaure des marqueurs identitaires et est essentialiste. On y décrit les activités humaines, les croyances, les coutumes, les langues, comme un système homogène qui obéit aux mêmes principes et valeurs morales. Un discours qui permet d’exhiber la différence pour parler de Nous et Eux. Ainsi, l’anthropologue américaine Ruth Benedict, dans les années 1930, définissait la culture comme « un modèle de penser et d’agir qui traverse les activités d’un peuple et le distingue de tous les autres peuples » Ce modèle est aujourd’hui obsolète, les groupes homogènes séparés des autres civilisations n’existent plus. Les peuples ne se distinguent plus que par certains points précis. La mondialisation, la suppression des distances, les réseaux sociaux et les chaines de télévisions satellitaires ont eu raisons de la plus grande partie des différences. Aujourd’hui, ce qui nous distingue est aussi ce qui nous rapproche. La gastronomie française est par exemple accessible dans la plupart des pays, les productions cinématographiques peuvent être regardées presque partout dans le monde, en Occident comme en Orient, les différentes religions se pratiquent sans frontières exception faite des pays totalitaires qui ne respectent pas le droit de culte des minorités… La plus grande différence est surtout celle du respect des droits humains en général et la politique et pratiques qui concernent les conditions et droits des femmes en particulier.
Le débat sur les « valeurs asiatiques » pour justifier la répression en Chine, illustre parfaitement cette attitude. On a vu, lors des « Printemps arabes » certains responsables politiques français opposer les droits fondamentaux à la « culture du pays », une dérive qui a été à son paroxysme avec la proposition de Michèle Alliot-Marie de prêter main forte au régime tunisien face aux manifestants. D’ailleurs, la politique internationale de la France est confiée au Ministère des affaires étrangères, étrangères à qui ?
La Description de l’Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’Armée française, publié sur les ordres de l’Empereur Napoléon le Grand est un ouvrage monumental, issu de la campagne d’Égypte de Bonaparte, il ne mentionne nullement de cas de mutilations génitales féminines en Egypte. Or la MGF ou excision est une pratique ancestrale qui touche aujourd’hui encore entre 94 et 98% des femmes et des fillettes dans le pays.
Nous pouvons supposer que l’expédition de Napoléon a considéré que l’excision était « leur culture », de plus cette pratique touche des femmes.
- Faut-il respecter la « culture » d’un pays ou d’une communauté ?
Si toutes les civilisations sont respectables, il existe certaines pratiques et politiques néfastes qui sont à combattre. En effet, nous ne pouvons pas respecter le mariage forcé ni la mutilation sexuelle féminine, ni les crimes d’honneur ni les codes de familles qui infériorisent les femmes. Nous ne pouvons les respecter au nom de la « culture » au risque de se désolidariser des luttes des femmes dans les pays ou communautés où ces pratiques ont lieu parce que, en tant que sujets citoyens, nous ne pouvons pas demeurer indifférents à la souffrance humaine.
D’ailleurs, le mot « culture » sans qualificatif n’a pas de sens. De quelle culture parle-t-on, la culture artistique, politique, patriarcale ? …
Les occidentaux seraient-ils les seuls à avoir le droit à la liberté tant sexuelle qu’intellectuelle, au droit de choisir ? n’y aurait-il pas là justement quelques résidus de la pensée coloniale décriée qui considèrent que les personnes d’origines étrangères ne seraient pas assez évoluées pour accéder aux droits fondamentaux et aux droits politiques ?
Du point de vue du relativisme culturel, les individus doivent être jugés en fonction de leur société. Certains défenseurs de cette idéologie font abstraction des pratiques inacceptables comme le maintien des femmes en situation d’infériorité, la mutilation sexuelle féminine, le mariage forcé …
Ces formations se réclament indigénistes ou militantEs post-colonialistes. Leur discours est en rupture avec la solidarité internationale et le dialogue interculturel Un discours de rupture qui nous divise en blancs et indigènes. Un discours victimaire qui porte un regard figé sur l’histoire et qui nous noie dans le fatalisme du déterminisme puisqu’il prétend que les ex-colonisés ne sont pas des sujets acteurs mais des éternelles victimes du colonialisme.
Ce discours omet de désigner la responsabilité des dictatures qui ont remplacé les colons. Un discours qui se veut antiraciste mais qui en s’insurgeant contre l’appropriation culturelle, il refuse cette rencontre, ce métissage culturel.
Le relativisme culturel, même si, à l’origine il avait une finalité humaniste, est un regard comparatif, il met l’accent sur nos différences et veille au respect des dites différences faisant fi des interactions entre les cultures. Pour preuve, ces formations qui se revendiquent du post-colonialisme, prennent la défense non pas de l’immigré mais du musulman. En faisant, ils substituent l’identité de l’individu citoyen par le sujet croyant qui serait affranchi selon eux de l’aliénation à l’Occident.
Ils sont tombés dans le piège de la xénophobie. Quand ils présupposent que tout citoyen issu du Maghreb ou du Machrek est forcément musulman d’essence.
En définissant un sujet uniquement par rapport à une présupposée appartenance cultuelle, il réduise son identité et lui font une injonction de croire.
L’identité d’une personne est une construction culturelle et sociale qui se crée du fait des interactions sociales, on peut par exemple se revendiquer parisienne de Nantes, française d’Égypte ou d’Algérie, travailleuse et mère, croyante et laïque, athée, féministe ou non, de droite ou de gauche ou encore centriste.
Quand le politique s’adresse à une personne issue de l’immigration en tant qu’uniquement musulmane, il détruit la richesse de son identité et réduit son histoire d’immigrée au fait cultuel, il rompt le pacte social qui le lie aux citoyens.
- Interculturalité
L‘interculturalité est l’ensemble des relations et interactions entre des cultures différentes générées par des rencontres et des confrontations. Elle implique des échanges réciproques, elle est fondée sur le dialogue, le respect mutuel et aide à la création de passerelles pour une solidarité internationale.
Nous vivons dans une époque qui interconnecte, qui met en relation tous les citoyens de la planète. On est au courant de ce qui se déroule partout où les évènements surviennent et se déroulent même dans les régions les plus reculées. Il est possible de parler d’une « culture des interdépendances » F. Susi, L’interculturalità possibile, Rome, Anicia, 2002, p. 7.
On reproche souvent à l’interculturalité de vouloir asseoir une domination culturelle occidentale, une sorte d’unification de la culture qui aboutirait à une acculturation des peuples non occidentaux.
Nous pouvons comprendre la crainte d’une homogénéisation de la culture au niveau mondial. Cette crainte est légitime au regard de la mondialisation, dans les travaux de chercheurs spécialistes à l’image de Jacques Demorgon (2000), du philosophe Gérard Leclerc (2000) ou de l’anthropologue Jean-Pierre Warnier (1999). Ceux-ci s’interrogent sur la « mondialisation de la culture » et sur les craintes de ce que cette expression recouvre : peur de la standardisation et de l’érosion des cultures particulières au profit d’une culture globale américanisée.
Pourtant, l’interculturalité est la capacité des groupes à s’approprier certains des éléments des cultures qui leur sont étrangères. L’interculturalité est surtout une reconnaissance, puis un dialogue et un enrichissement réciproque des cultures pour les sociétés qui sont devenues multiethniques. Loin d’appauvrir la culture, elle est un enrichissement à la seule condition de combattre la domination que subissent les minorités et le refus de reconnaître les minorités ethniques.
Le débat qui veut promouvoir une identité nationale dans la plupart des pays est fondé sur une conception de repli identitaire. Une théorisation de l’identique qui ne reconnaît pas la réalité du monde contemporain avec son pluralisme, sa diversité et son altérité. Le discours sur l’identité nie le différent (l’étranger) et ne valorise que les liens fondés sur l’identique.
Il est donc important de refuser le discours qui ne reconnaît pas la multiplicité de l’identité afin ne pas promouvoir la totalisation.
La notion d’interculturalité provient des expériences pédagogique menées en France depuis les années 1980 pour faciliter la scolarisation des enfants de parents immigrés.
Pour Pagé (M.), 1993. Courants d’idées actuels en éducation des clientèles scolaires multiethniques, pour l’école il est important de « Reconnaître et accepter le pluralisme culturel comme une réalité de société ; contribuer à l’instauration d’une société d’égalité de droit et d’équité ; contribuer à l’établissement de relations inter-ethniques harmonieuses »
Aujourd’hui, l’école est un lieu de socialisation et de rencontre interculturelle. L’enfant apprend à respecter d’autres personnes qui n’ont pas la même culture familiale. L’école est un lieu de dépassement des incompréhensions liées aux différences.
Selon Meunier, 2007, inrp.fr « Les approches interculturelles dans la forme scolaire se présentent à la fois comme un enjeu pour les « minorités », les migrants ou plus généralement l’ensemble des élèves, et comme un défi pour les autorités éducatives chargées de les promouvoir »
Voici ce que nous rapporte Sun-Mi Kim : « les études supérieures des femmes asiatiques dans un pays occidental, comme la France, constituent certainement un des moyens pour raccourcir ce long chemin vers leur épanouissement. Un tel parcours ne se fait pas sans souffrance, sans doute parce que la culture occidentale questionne farouchement la leur. bien que ces femmes soient encore hésitantes, parfois sceptiques à l’égard des valeurs des pays d’accueil, l’expérience interculturelle leur permet de réfléchir sans cesse davantage sur elles-mêmes, sur leurs propres valeurs. Il est certain que cette situation peut-être extrêmement angoissante et en même temps enrichissante : angoissante parce qu’on a l’impression d’être en train de perdre une partie de soi, qui ne pourra jamais être remplacée. Angoissante encore parce que surgissent certaines valeurs qui interrogent sans répit les anciennes convictions. Chez les étudiantes asiatiques, cette expérience interculturelle est importante selon la manière de considérer cette période d’interrogation et de la mettre à profit pour changer. Pour cela, une attitude ouverte est indispensable. La peur de faire le pas vers l’inconnu est probable, avec sa part d’incertitude. Mais comme l’écrit E. Morin, si elles n’affrontent pas cette incertitude (1999, pp. 61-70), elles ne sauront jamais ce qui pourra surgir comme inconnu dans leur propre vie, autrement dit la clé de leur possible libération (Wiképédia)
La différence culturelle est un véritable défi pour les responsables politiques et associatifs.
En 1976, lors de la Conférence générale de l’Unesco il est dit : « À côté du principe d’authenticité culturelle, il convient de poser le concept de dialogue entre les cultures. Sous peine de favoriser les cloisonnements nationaux et le sectarisme sous des formes diverses, il importe d’ouvrir chaque culture à toutes les autres dans une perspective largement internationale. La spécificité, d’une part, et les relations interculturelles, de l’autre, apparaissent comme deux termes complémentaires qui donnent son équilibre à l’ensemble des activités »
Conclusion
Dans son préambule, la déclaration universelle des droits humains précise que « L’Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des États Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction »
L’article premier de la déclaration universelle des humains stipule que
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Or ce principe de l’universalisme des droits fondamentaux est remis en question par certaines formations politiques ou associatives et par des courants antiracistes occidentaux sous prétexte que la notion de droits humains est occidentale qui n’est pas applicable pour tous les êtres humains.
Pourtant, les révoltes du printemps arabes de 2011 avaient comme revendication Liberté, dignité, justice sociale. La révolte du 4 juin 1989, à Pékin, des milliers d’étudiants rassemblés sur la place Tien An Men en refusant la tutelle des associations universitaires qui sont entre les mains du Parti communiste chinois, et en revendiquant leur droit de fonder leur propre association autonome, n’exigeaient que leur droit à la liberté d’opinion.
Les femmes algériennes se sont révoltées en juin 1984 sous la bannière de 20 ans Baraquât contre le code de famille baptisé le code de l’infamie qui infériorise les femmes les rendant soumises à la tutelle des hommes. Les femmes marocaines se sont mobilisées pour la modification du code de la famille La Moudawana. Après la révolution de 2011, les femmes tunisiennes ont manifesté contre le projet de modification du code de famille qui risquaient de leur faire perdre leurs acquis…
Ces mobilisations, révoltes et révolutions, prouvent que les femmes et les hommes, partout, dans le monde entier, aspirent à la liberté et revendiquent leur droit à l’émancipation et aux respects de leur dignité et droits fondamentaux. Cette aspiration n’est nullement un besoin unique et singulier qui caractériserait uniquement l’Occident.
La solidarité de la communauté internationale avec celles et ceux qui revendiquent leurs droits est primordiale.
https://drive.google.com/file/d/1EmhYjugcvqCjXY8rdGmDUhpEOqsh9uBL/view
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